Carnets du Tour de France : L'attaché de presse

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Carnets du Tour de France : L'attaché de presse
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Vidéo: Carnets du Tour de France : L'attaché de presse

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Vidéo: Entrevue avec l'attachée de presse Francine Chaloult en 2008 2024, Mars
Anonim

Cyclist traîne avec Tim Vanderjeugd. Conteur d'histoires et coach en communication de Trek

Gap, France, 22 juillet 2015. Devant l'hôtel Ibis, les fans de Trek Factory Racing se rassemblent pour observer les mécaniques peaufiner, les soigneurs emballer et les directeurs sportifs cogiter. Les coureurs fatigués, maintenant à 16 étapes de l'un des Tours les plus chauds de ces derniers temps, sont encouragés et escortés dans le bus de l'équipe pour le court trajet jusqu'à Digne-Les-Bains. À venir se trouve la bataille montagneuse de 161 km jusqu'à la station alpine de Pra Loup.

Tous sont mis en scène par l'attaché de presse Tim Vanderjeugd (prononcez Vonderyoukt). Les Français proclameraient cette situation « un autocuiseur » - une cocotte-minute - mais pour Vanderjeugd, tout est dans le travail d'une journée à la course la plus folle de la planète.

« Mon tempérament convient au rôle – je ne suis pas très morose », dit-il avec un accent qui mélange son belge natal avec un accent américain du temps passé à vivre dans le Colorado. «Le travail exige que vous soyez organisé, mais vous devez être prêt à réfléchir sur vos pieds. Si votre état d'esprit permet des changements et ne devient pas frustré quand cela ne fonctionne pas idéalement - ce qui n'est jamais le cas - c'est beaucoup plus relaxant.'

Tim Vanderjeugd se détend
Tim Vanderjeugd se détend

La célèbre psychologue Carol Dweck qualifierait Vanderjeugd de « mentalité de croissance ». Les caractéristiques d'un état d'esprit de croissance incluent le fait de ne pas insister sur la recherche de la perfection et de ne pas mesurer votre valeur lors d'événements ponctuels. Tout peut arriver sur le Tour, changer le récit de l'équipe le temps qu'il faut pour changer de vitesse.

‘J’ai appris quand j’ai commencé le travail en 2011 qu’il n’y avait pas de manuel pour les attachés de presse’, dit Vanderjeugd alors que nous discutons dans le bus de l’équipe vide en route vers l’arrivée à Pra Loup.

L'attaché de presse est un caméléon cycliste, se transformant de manière transparente entre le chassé et le chasseur. Vanderjeugd a été le point de contact pour mettre en place Cyclist observant l'équipe sur le Tour. C'était nous qui le harcelions, mais il est également proactif dans la recherche d'opportunités médiatiques. Il a laissé les médias chinois lâcher prise sur une équipe Madone de 10 000 £ – « généralement pas autorisée mais ils ont un public de plusieurs millions » – et a réuni des diffuseurs sud-américains pour interviewer l'alpiniste colombien Julián Arredondo. Cela introduit la dernière compétence que Vanderjeugd cite comme essentielle pour l'attaché de presse d'une équipe WorldTour…

Parler la conversation

Appel téléphonique de Tim Vanderjeugd
Appel téléphonique de Tim Vanderjeugd

« Je parle plusieurs langues », dit Vanderjeugd, heureusement en anglais pour cet écrivain un peu honteux. Par plusieurs, il entend le néerlandais, l'anglais, le français, l'italien, l'espagnol, l'allemand et un peu d'arabe. Arrivé à Pra Loup, après une journée décevante pour l'équipe dans sa recherche d'une place dans le top sept du GC (qu'elle obtiendra à Paris), Bauke Mollema franchit la ligne pour son rattrapage quotidien avec la presse néerlandaise. Là, Vanderjeugd gribouille frénétiquement: "Parce que c'est en néerlandais, je traduis et sténographie en même temps", dit-il ensuite.

C'est une compétence essentielle pour le théâtre frénétique que sont les conférences de presse et les mêlées médiatiques du cyclisme professionnel après chaque étape, où les journalistes du monde entier recherchent un commentaire, une ligne, tout ce qui fournira les titres recherchés par leurs rédacteurs.

C'est le travail de Vanderjeugd de gérer ces situations souvent difficiles - jurant en plusieurs langues - qui, admet-il, n'ont pas été trop maniaques sur ce Tour depuis la sortie de Fabian Cancellara sur l'étape 3 alors qu'il était vêtu de jaune. Mollema a inscrit les buts de l'équipe au GC mais, à part le quatrième de Bob Jungels lors de l'étape 18, l'équipe n'a pas menacé de victoire d'étape.

Tim Vanderjeugd téléphone
Tim Vanderjeugd téléphone

Cela signifiait que les gros titres et une grande partie de la presse mondiale étaient ailleurs. On est loin des classiques pavés. «Quand Fabian est en Belgique, les spectateurs et la presse lui sautent dessus. Il nous a fallu du temps à tous les deux pour nous habituer à ça.'

Vanderjeugd doit également éditer les temps forts de la conférence. ‘Quand Fabian a remporté le jaune [on Stage 2], il a pris 10 minutes pour répondre à la première question. Même le journaliste a dit: "Wow, nous n'avons pas besoin d'une deuxième question !"

‘Ses conférences de presse prennent aussi plus de temps parce que Fabian parle tellement de langues [un pitoyable cinq comparé aux sept de Vanderjeugd]. La télévision suisse a trois interviews de lui: une en français, une en italien, une en allemand. Maintenant, quand nous sommes sur le chemin d'une conférence de presse, je vais lui poser des questions, je pense que les journalistes vont poser… et insister pour une réponse courte.'

Détourner le dopage

Pour gérer les conférences de presse, un groupe d'attachés de presse de différentes équipes a mis en place un groupe WhatsApp garantissant, dans la mesure du possible, que les horaires ne se heurtent pas. Aux Classics, cela a signifié que Trek a évité les goûts de, disons, Quick-Step et Tom Boonen. Lors de ce Tour, au fur et à mesure que la course se déroule, chaque équipe évite que sa conférence ne se heurte à Team Sky - en particulier au cours de la troisième semaine, lorsque les accusations de tricherie attirent un pack de nouvelles toujours plus important et affamé.

Chat avec Tim Vanderjeugd
Chat avec Tim Vanderjeugd

« L'attaché de presse de Sky doit beaucoup abriter ses coureurs », déclare Vanderjeugd, pas jaloux de l'exigence perpétuelle de Sky de repousser les questions sur le dopage. C'est une situation triste mais malheureusement compréhensible que les coureurs d'aujourd'hui souffrent des actions néfastes du passé. Des journalistes respectés ont aidé à élever les cavaliers au statut divin, pour découvrir qu'ils y étaient parvenus en trichant. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi ils finissent par devenir cyniques.

Vanderjeugd a connu son propre goût de l'accusation et de la rhétorique en septembre 2013 lorsque Chris Horner, courant pour l'équipe RadioShack-Leopard qui est devenue Trek Factory Racing, est devenu la personne la plus âgée à remporter un Grand Tour, remportant le titre de la Vuelta un mois avant qu'il n'ait 42 ans. Le résultat a attiré les soupçons, qui se sont transformés en allégations à part entière juste un jour après la victoire lorsqu'il a raté un test de dépistage de drogue hors compétition.

« J'avais du travail à faire ce matin-là », déclare Vanderjeugd avec un euphémisme notable. En gros, la femme de Horner s'est envolée pour Madrid alors il a quitté l'hôtel de l'équipe pour rester avec elle. C'est très bien - vous avez juste besoin de mettre à jour votre ADAMS.'

ADAMS - alias Anti-Doping Administration and Management System - est un programme informatique utilisé par les coureurs professionnels pour informer les testeurs de drogue de leur localisation. Les coureurs doivent désigner un créneau de 60 minutes entre 5 h et 23 h chaque jour où les tests peuvent avoir lieu, ce qu'ils peuvent faire en ligne ou via une application. Ils peuvent avertir les testeurs d'un changement de lieu jusqu'à une minute avant le créneau horaire spécifié, mais uniquement en cas d'urgence.

Rencontre avec Tim Vanderjeugd
Rencontre avec Tim Vanderjeugd

‘Chris l’avait fait mais le contrôleur antidopage espagnol n’avait pas actualisé son ADAMS pour voir où Chris serait, alors il a regardé une version de quelques jours plus tôt et s’est présenté à l’hôtel de l’équipe. Bien sûr, Chris n'était pas là. Je savais ce qui allait arriver donc immédiatement je l'ai appelé. À ce moment-là, il était à l'aéroport de Madrid, se préparant à rentrer en Amérique. Heureusement, il a envoyé une capture d'écran de l'ADAMS juste avant d'embarquer, ce qui était parfait car il était ensuite hors ligne pendant huit heures.

‘Malheureusement, le testeur avait alors appelé un journal espagnol. Ce type a fait une énorme erreur éthique et je présume qu'il a été viré. Une fois que nous avons présenté aux médias ce que Chris nous avait envoyé, cela s'est refroidi assez rapidement. Il s'agissait d'activer le réflexe journalistique.'

Monsieur de la presse

Vanderjeugd comprend l'esprit d'un journaliste comme il l'était autrefois. Il a étudié une maîtrise en linguistique et littérature romantiques et a entrepris un diplôme de troisième cycle en journalisme. L'écriture de voyage a nourri son amour des langues, même s'il s'est essayé à l'écriture cycliste dans de nombreux magazines internationaux, notamment en interviewant Miguel Indurain et Cancellara. «C'est probablement comme ça que Trek m'a rattrapé. J'ai interviewé Fabian plusieurs fois, ainsi que les Schleck.'

Tim Vanderjeugd soigneur
Tim Vanderjeugd soigneur

Vanderjeugd "travaillait" en Laponie, séjournant dans une cabane au bord d'un lac gelé et faisant du traîneau à chiens lorsqu'il a remarqué un appel manqué de Trek. «C'était intéressant parce que je n'avais jamais pensé à devenir attaché de presse. J'ai toujours pensé que vous n'obtiendrez pas grand-chose dans la vie si vous dites non aux choses. Pourtant, je ne ferai pas ça pendant les 20 prochaines années [ce qui le mènerait jusqu'à 53 ans]. Vous êtes absent de chez vous 200 jours par an. Je vais bientôt me marier et, quand je regarde autour de moi, je vois beaucoup d'hommes divorcés.

‘Beaucoup de ces gars ont toujours été dans le cyclisme, donc sortir de cette bulle est naturellement effrayant. C'est ma cinquième année mais je n'étais pas un coureur donc j'ai une perspective différente. Pourtant, j'apprécie la liberté. Vous n'avez pas d'heures de bureau et, pendant une semaine après le Tour, nous nous évitons tous, mais cela reprend bientôt avec des appels téléphoniques, des e-mails et des SMS. '

La communication est la clé du rôle. Vanderjeugd commence la journée en téléchargeant les coupures de presse internationales, dont les incontournables de L'Équipe et La Gazzetta dello Sport, pour rattraper son retard sur la couverture du Tour, en particulier les colonnes de TFR.

Daan Luijkx, team manager de l'ancien Vacansoleil-DCM, m'a dit un jour que le Tour représentait 90% de leur couverture médiatique annuelle. Vanderjeugd le dit de manière plus romantique. "Un jour en jaune est un jour en or", dit-il. Cet or s'est traduit par une énorme augmentation des visites sur Twitter, Facebook et sur le site Web de l'équipe. ‘Malheureusement, lorsque Fabian s’est écrasé, ces chiffres ont chuté.’

C'est malgré les efforts de Vanderjeugd et de l'équipe de presse. Vanderjeugd passe beaucoup de temps sur Twitter – contrairement à un adolescent distrait, à des fins professionnelles – et l'a programmé pour rechercher des mots-clés tels que "Trek", "Mollema" et "Cancellara" pour voir si la communauté TFR grandit. Ce qui est bien beau, mais à l'ère numérique, la couverture Internet du plus grand événement du monde est au mieux sommaire, surtout une fois que les coureurs ont atteint les Pyrénées et les Alpes.

Ordinateur portable de Tim Vanderjeugd
Ordinateur portable de Tim Vanderjeugd

Lors de notre trajet vers Pra Loup, nous espérions voir des images en direct de la scène. Malheureusement, nous avons été accueillis avec une bande de couleur pixellisée et pas grand-chose d'autre. Ce n'est pas idéal pour regarder, encore moins lorsque vous cherchez à fournir des mises à jour sur les réseaux sociaux. C'est pourquoi de nombreuses mises à jour proviennent du… Colorado.

‘Ma collègue Anne Samplonius écrit de nombreux rapports de course et tweets, tandis que je vais prendre des images et obtenir des citations de pilotes et les envoyer. Nous espérons avoir un bon rapport dans les 45 minutes suivant l'arrivée de l'étape. '

Vanderjeugd fait également partie du récit physique de l'équipe, travaillant avec le soigneur pour livrer des boissons de récupération et des gilets aux coureurs. Et puis c'est retour au bus de l'équipe, retour à l'hôtel, et retour à la gestion des médias et à la promotion de l'équipe. Pour les nombreux partisans de l'équipe, ses efforts sont appréciés. Ce sentiment ne sonne pas vrai un peu plus près de chez nous.

« Beaucoup de membres de l'équipe pensent que vous ne travaillez pas si vous ne transpirez pas », dit-il avec un sourire. «Mais ils savent d'où je viens. Je fournis un équilibre entre les couvrir mais ne pas les traquer. En fin de compte, j'adore les histoires et ce travail consiste à raconter des histoires.

Ça et les 200 e-mails par jour.’

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