Le cycliste affronte les ascensions passées et présentes d'Il Lombardia, y compris l'emblématique Madonna di Ghisallo
C'est l'histoire de deux ascensions et d'un itinéraire que nous n'étions pas censés faire. Arrivés aux petites heures du matin, les corps encore un peu fatigués d'avoir fait une autre grosse balade ailleurs en Italie la veille, nous avons tous dormi un peu trop longtemps. Et une fois que les environs spectaculaires et les premiers espressos du petit-déjeuner se sont imprégnés de nous - c'est Phil, triathlète semi-professionnel de l'équipe Corley Blue, Jason, pilote de course et triathlète, Paul, qui photographie régulièrement des noms familiers (c'est-à-dire des noms comme dans Mo Farah, pas Wimborne Rectory), et moi, un coureur de 3rd Cat légèrement cordé - rappelez-vous que l'un des vélos s'est cassé hier et nous devons le réparer avant de pouvoir commencer à rouler. Le magasin de vélos le plus proche est un peu éloigné, mais heureusement, le propriétaire de l'hôtel nous aide en nous vendant un dérailleur arrière 105 sur l'un de ses vélos de location. Il ne nous reste plus qu'à l'adapter, ce qui est plus facile à dire qu'à faire lorsque vous n'avez que les outils de vélo les plus élémentaires, une paire de ciseaux et les prouesses mécaniques combinées d'un troupeau de moutons. Quoi qu'il en soit, après avoir mis de la graisse dans des endroits jusqu'ici inconnus, découvert que Jason a en fait une sorte de qualification d'ingénieur, et plissé beaucoup en essayant d'enfiler des câbles à travers des trous imperceptiblement petits, nous nous retrouvons avec un vélo qui permutera entre certains (si pas tous) pignons sur demande. Le saint patron du cyclisme veille clairement sur nous…
Notre intention, ou plus précisément nos instructions du QG des cyclistes, était de prendre un ferry pour traverser Côme et de traverser le spectaculaire Passo San Marco, puis de boucler vers la Colma di Sormano. Mais après avoir regardé un peu les montres, traîné des pieds et marmonné sur la nécessité de faire des photos, nous décidons d'ignorer la plupart de cela et de rendre à la place notre propre hommage (légèrement plus court) au Giro di Lombardia, en commençant par son plus célèbre montée, qui heureusement passe aussi devant l'entrée de l'hôtel dans lequel nous nous trouvons.
Il y a quelques années, quand j'étais dans l'enfance du cyclisme sur route, je convoitais un cadre en titane (c'est toujours le cas) et il y en avait un en particulier qui me fascinait - le Litespeed Ghisallo. Je savais que c'était le vélo le plus léger de sa gamme, conçu pour flotter dans les ascensions les plus difficiles et nommé d'après l'un d'eux. Dans mon innocence, j'imaginais que le Ghisallo (prononcé avec un G dur, Gee-zar-lo) était l'un des cols montagneux dont j'apprenais peu à peu les noms. J'ai rêvé paresseusement d'une route sinueuse et montante dans des nuages gonflés qui étaient aussi légers que le vélo qui porte son nom. Je ne savais pas que cela commençait à un petit rond-point avant de traverser des feux de circulation.
Nous descendons le kilomètre depuis l'hôtel jusqu'à la jonction de la SP41 et de la SS583 avant de remonter entre les maisons et de passer une ligne de "départ" peinte sur la route. Au début du moins, cela ne ressemble pas à un cadre terriblement inspirant pour une ascension célèbre - la vue est derrière vous et la pente n'est même pas très raide. Je décide que l'effort est la meilleure forme d'échauffement et commence à meuler un gros engrenage avec un but. Si j'avais su que nous allions parcourir cette route à vélo, j'aurais peut-être consulté un profil avant de venir ici, mais, dans l'état actuel des choses, nous la parcourons à l'aveugle. Je n'ai aucune idée de sa longueur ni de son vertige, mais comme toutes les montagnes semblent se trouver de l'autre côté de l'eau, je suppose que cela doit être court et raide - une rampe de lancement explosive d'une montée mais pas trop longue. Ne présumez jamais.
Passé l'hôtel, les signes d'habitation s'estompent et la route se rétrécit alors qu'elle commence à lacets entre d'épaisses berges d'arbres à feuilles caduques. L'air est calme et emprisonné dans ce tunnel vert foncé, il est impossible d'évaluer jusqu'où il vous reste à grimper ou même ce qu'il y a au prochain virage. Il déguise même visuellement le gradient, qui s'est maintenant considérablement accéléré. La peur de l'inconnu s'installe et vous baissez instinctivement les engrenages pour donner une certaine marge de manœuvre à vos membres déjà lactiques. Finalement, vous atteignez le petit groupe de maisons qui composent Guello et la pente s'atténue, signifiant sûrement que la torture est terminée. De l'autre côté du village se trouve une petite chapelle et je sais qu'une chapelle se dresse au sommet du Ghisallo. Pas cette chapelle cependant.
Faux sommet
Les statistiques chauves du Ghisallo indiquent qu'il fait 10,6 km de long (dans ma tête, je n'avais pas l'impression d'avoir parcouru 10 kilomètres, mais mes jambes étaient déjà heureuses de croire que l'ascension était terminée) et la pente moyenne pour toute la montée n'est que de 5,5%. Le mot clé dans ces statistiques, cependant, est « moyen ». Vous voyez, le gradient jusqu'à présent oscillait autour d'un 9% beaucoup plus punitif et le dernier kilomètre et demi se dresse également à bien plus de 9%, mais entre les deux, il y a un faux sommet qui réduit la moyenne. Pendant 3 km, nous courons le long des grands anneaux, profitant de la sensation d'un sillage vaguement refroidissant, la route commençant même à descendre légèrement alors que le lac apparaît dramatiquement à notre gauche à un moment donné.
Je suis en tête quand l'aiguillon dans la queue de Ghisallo apparaît à la sortie de Civenna mais, béatement innocent, je reste dans le grand ring et j'attaque avec la confiance d'un rouleur, sûr qu'il s'éteindrait autour du virage, rien de plus qu'un dos d'âne glorifié. Au lieu de cela, c'est moi qui tourne au coin de la rue, escaladant frénétiquement la chaîne de la cassette arrière, Di2 vrombissant comme un zoom d'appareil photo compact, alors que je réalise mon erreur et que la route reprend son ascension de 9 %.
Un ensemble serré d'épingles à cheveux signale que la fin est vraiment en vue et finalement une ligne sur le tarmac disant "Terminer" donne complètement le jeu. Vous n'aurez pas besoin de beaucoup de persuasion pour vous arrêter à l'église de la Madonna del Ghisallo qui marque le sommet, mais même si vous êtes un jour où vous avez l'impression d'avoir les jambes de Philippe Gilbert, vous devriez prendre un moment pour mettre pied à terre. et errer.
Il y a quatre bustes à l'extérieur de la petite église; les noms Bartali, Binda et Coppi n'ont pas besoin d'être présentés, mais le quatrième est celui du père Ermelindo Vigano, qui a proposé que l'apparition de la Madonna del Ghisallo (ainsi nommée parce qu'elle a sauvé le comte médiéval Ghisallo des bandits) devienne la patronne des cyclistes. Entrez dans l'église et vous entrez dans la plus incroyable grotte d'Aladdin de l'histoire du cyclisme: arc-en-ciel signé, maillots roses et jaunes, photos et, plus incroyable encore, des vélos avec les noms de leurs propriétaires attachés couvrent tous les murs silencieux. D'un côté, un vélo Francesco Moser TT aux côtés du Giro Bianchi 1976 de Gimondi. De l'autre côté, de manière poignante, pend le vélo que Fabio Casartelli conduisait lorsqu'il s'est écrasé dans la descente du Col de Portet d'Aspet lors du Tour 1995. Vous pourriez y passer des heures.
Saturés de nostalgie nous descendons vers Asso. C'est une bonne descente rapide sur une route large, et la seule vraie distraction est de chercher le virage à droite sur la SP44 vers Sormano. C'est en fait le seul virage à droite dans la descente. Un beau grand carrefour avec beaucoup de mobilier routier évident. Tout cela Phil ‘Homing Pigeon’ Holland, affichant ses étranges compétences de navigation habituelles, choisit d’ignorer complètement. Nous crions sans enthousiasme après lui mais il a la tête baissée et l'appât de la gravité lui bouche visiblement les oreilles, alors nous nous résignons à attendre qu'il regarde en arrière et se rende compte de son erreur (en espérant qu'il ne pense pas qu'il a accompli de glorieux échappée et poussez pour Milan).
Finalement, il revient dans la vue après avoir apparemment apprécié le peu supplémentaire de nous remonter. 'Rendez-vous?' demande-t-il joyeusement une fois qu'il a repris son souffle. Nous regardons tous un peu maladroitement le sol en supposant qu'il envisage une sorte de soirée aux chandelles, jusqu'à ce qu'heureusement, il sorte un sac de fruits ridés d'une poche arrière et les déclare "les propres gels énergétiques de la nature" tout en en fourrant un couple dans sa bouche.
La montée de la Colma di Sormano a été réintroduite dans le Giro di Lombardia, la Classique d'un jour de fin de saison, en 2010. Venant à peine 6 km après le sommet du Ghisallo, c'est une mauvaise proposition pour les jambes fatiguées alors que le la route zigzague et zags à travers 11 épingles à cheveux sur la route jusqu'à mi-chemin de la ville de Sormano elle-même. À un 5-6% plus gérable, je me sens plus fort dans cette montée et je donne en fait plus de fil à retordre à Phil. Chacune des épingles à cheveux serrées est également merveilleusement cambrée, vous pouvez donc rester serré à l'intérieur du virage, les monter comme des bermes et lancer une fronde de l'autre côté.
Clairement pas satisfait des routes principales lisses (ou peut-être juste parce qu'il s'est encore perdu) Phil plonge parmi les maisons une fois que nous sommes à Sormano, puis émerge quelques minutes plus tard en prétendant avoir trouvé une petite montée géniale dans une rue latérale. Il s'avère non seulement raide, mais pas plus d'une largeur de vélo entre les maisons et rugueux comme la tranchée d'Arenberg. Nous l'avons monté à peine plus d'un support de piste et je ne pense pas qu'il apparaîtra de si tôt dans le tour de Lombardie…
Il y a un petit café en ville, dans lequel nous commandons différentes combinaisons de pain, de viande et de fromage avant de nous affaler sur des chaises en plastique de l'autre côté de la route (nous pensons qu'elles appartenaient au café et n'étaient pas les salon de jardin de la maison d'en face). Parce que je pense que c'est un crime d'aller en Italie sans manger de glace, je commande aussi quelques boules de glace pendant que les autres prennent un café.
Escalader les murs
La Colma di Sormano continue encore sur 4,5 km, mais nous avons d'autres plans, car caché dans les arbres se trouve un raccourci… en quelque sorte. C'est certainement plus court en distance, mais peut-être pas en temps. Le Muro di Sormano n'est apparu dans le Tour de Lombardie que pendant trois ans entre 1960 et 1962, avant d'être retiré car trop difficile. C'est vrai - au cours des 50 dernières années, cela a été jugé trop difficile pour les pros. Mais en 2012, il a de nouveau fait son apparition dans le Giro di Lombardia, où Alberto Contador, Joaquim Rodriguez et Philippe Gilbert ont affronté ses pentes incroyablement raides dans un brouillard et une pluie glacials. Ce jour-là fin septembre, Gilbert, vêtu de son nouveau maillot de champion du monde, a finalement quitté la course dans une descente, et Rodriguez a remporté la victoire.
Il ne fait peut-être que 1,7 km de long, mais muro se traduit par "mur" et ce n'est pas vraiment exagéré. Vous devez plonger à gauche de la SP44 juste après avoir passé le panneau indiquant "Sormano" avec une grande ligne rouge à travers et descendre environ 100 mètres sur une route latérale étroite. Le départ est à côté d'un grand abreuvoir en pierre et bien qu'il puisse y avoir quelques véhicules garés à côté, aucune voiture n'est autorisée sur le mur, ce qui est une chose de moins à craindre pour nous mais pas une bonne nouvelle pour le vaillant Paul, qui doit marcher avec son Canon et une variété d'objectifs.
Il n'y a pas de préambule poli à la montée et votre fréquence cardiaque monte en flèche aussi rapidement que la route. Vous êtes directement dans votre 39 ou, si vous avez de la chance, un plateau à 34 dents et hors de la selle. Les arbres se pressent de manière claustrophobe alors que vous négociez les premiers virages dans les bois, ce qui nous fournit au moins un peu d'ombre du soleil. Il y a une petite barrière à négocier et puis l'écriture est vraiment sur le mur (désolé, je n'ai pas pu résister). Dans une sorte de style Star Wars, les noms et les numéros ont été soigneusement retranscrits sur le tarmac lorsque la montée a été sauvée de l'effondrement et du retour entièrement à la nature en 2006. Il existe des listes des 10 premiers à monter chaque année dans le Tour de Lombardie, les temps pris et les vitesses utilisées. Une citation de Baldini se termine par les mots encourageants "La montée est tout simplement bestiale, impossible à monter". Il y a aussi des marqueurs cochant chaque mètre
dans l'ascension verticale que vous faites. Ils sont horriblement proches les uns des autres.
À mi-chemin, j'ai perdu tout intérêt à savoir où Phil et Jason sont dans la montée (bien qu'en interne, je n'ai pas arrêté de maudire leurs avantages en matière de poids). Mes quads pleurent maintenant pour que je déclipse et marche ou pour une poussée comme la foule italienne partisane donnerait à ses favoris dans les années 1960. Chaque inclinaison sur une pédale et soulèvement simultané sur le côté opposé du guidon est un effort suprême qui tend apparemment chaque tendon de mon corps. C'est assez intéressant d'atteindre cet état où continuer est purement mental, où il faut se convaincre de prolonger l'agonie de quelques coups de pédale de plus, en embrassant et en bloquant aussi la douleur. C'est un état dans lequel très peu d'entre nous peuvent se pousser sur le plat - c'est trop facile de se détendre un peu - mais dans une montée aussi raide, vous n'avez pas ce choix. C'est tout ou rien.
La montée a des explosions de 25 % à 27 %, auxquelles je peux faire face isolément; il y a quelques zones tout aussi raides dans les collines du Surrey, près de l'endroit où j'ai grandi. C'est la moyenne paralysante de 17% de Muro qui menace de me perdre parce qu'il n'y a tout simplement pas de repos, pas de répit, aucune chance de se détendre. Gino Bartali, le grand cavalier italien des années 1930 et 40, a déclaré: « Un passista (non-grimpeur) n'a pas d' alternative. Il doit arriver au pied du Muro avec
au moins 10 minutes d'avance, de sorte que s'il marche, prenant un quart d'heure ou plus que ceux qui le montent, il arrivera au top cinq ou six minutes en retard et espère encore.'
Une fois hors des arbres, le cadre est magnifique; des fleurs sauvages remplissant les berges envahies par la végétation, des papillons battant paresseusement, des vues tentaculaires sur des montagnes escarpées lointaines. Pour un spectateur, la scène aurait l'air si tranquille, mais sur le vélo, votre corps semble habiter un monde de bruit alors que le son du sang pompé remplit vos oreilles et que les muscles torturés crient en silence.
Finalement, cela se termine et au sommet, il y a quelques autres cyclistes qui traînent sur l'herbe, la plupart ayant gravi l'ascension la moins sévère. C'est le bonheur d'être assis au soleil en regardant le monde pédaler pendant quelques minutes alors que la force revient dans vos jambes. Il s'agit principalement d'un filet régulier de vieux hommes italiens chevauchant de magnifiques cadres en acier Colnago, un miasme de plateaux multicolores et fluoro-garnis couvrant leur peau d'acajou.
Un coup d'œil rapide à la trace GPS de la journée et vous pourriez presque confondre le Muro avec un blip anormal, un pic où les satellites ont lâché. Au bout d'un moment, nous remontons tous et redescendons (via la route principale) vers la Skoda, nous délectant d'une vitesse décente pour la deuxième fois seulement ce jour-là. Jason dépasse une voiture juste pour faire bonne mesure. En bas, nous décidons que cela suffira pour l'après-midi car nous devons amener le dérailleur arrière douteux dans un magasin de vélos approprié à Lecco avant notre prochaine sortie demain, à 200 miles de là. À ce moment-là, Jason demande avec désinvolture où est Phil. Il s'avère qu'il est reparti escalader le Muro, juste pour le plaisir. Peut-être aurions-nous dû accepter son offre de rendez-vous après tout.
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Comment nous en sommes arrivés là
Voyage
Bien que nous ayons conduit, c'est un voyage de 1 000 km de Calais à Bellagio, qui se trouve dans ce qui ne peut être décrit que comme l'entrejambe du lac de Côme, donc voler pourrait être plus attrayant.
Il y a deux aéroports près de Milan - Malpensa (MXP) et Linate (LIN) - et il n'y a pas vraiment de raison de choisir l'un plutôt que l'autre, ce qui ouvre une multitude de vols possibles. Le trajet depuis l'un ou l'autre aéroport devrait prendre un peu plus d'une heure en voiture de location, mais une note de prudence - les routes finales vers Bellagio sont très étroites. Alternativement, des transferts vers Bellagio sont disponibles à partir de 35 € via www.flytolake.com.
Hôtel
Nous avons séjourné à l'hôtel Il Perlo Panorama (www.ilperlo.com), qui se trouve à environ 3 km de la rive du lac de Côme et, étant au-dessus de Bellagio, offre une vue absolument imprenable. Il y a beaucoup de places de parking et bien que vous n'appeliez pas les chambres luxueuses, elles sont propres. L'hôtel se targue d'accueillir les cyclistes et propose même un forfait vélo spécifique de trois nuits/deux jours, qui comprend la location de vélos et l'entrée au musée Ghisallo (adjacent à la chapelle).
Vélos
Si vous voulez louer un vélo, essayez www.comolagobike.com - bien qu'il n'offre pas exactement les coursiers les plus flashy. Pour un charmant petit magasin de vélos, essayez The Bike sur la Via Promessi Sposi, à Vlamadrera-Caserta, près de Lecco.
